Le Désastre de Pavie by Giono Jean

Le Désastre de Pavie by Giono Jean

Auteur:Giono, Jean [Giono, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire, Littérature Française, Document
Éditeur: Gallimard
Publié: 1963-01-14T23:00:00+00:00


* * *

1. Aujourd’hui Varazze, à vingt kilomètres de Gênes, sur le côté du levant.

Chapitre V

« LA BATAILLE »

Nous avons suivi jusqu’ici les Mémoires de Florange en les corrigeant par ceux de Martin du Bellay, par l’histoire de Guichardin, par les correspondances de François Ier, de Bonnivet, de Lautrec, de Montmorency, par les récits de Bouchet, confident de La Trémoille, par l’étude de Reinhard Thom, et par les archives du duc de Gonzague. Arrivés à la bataille proprement dite, on se trouve devant une extraordinaire prolifération de récits ; les documents (ou soi-disant tels) s’engendrent eux-mêmes, la multiplication des témoignages et de témoins qui la plupart du temps n’ont rien vu (ou très peu de choses) confond les mouvements d’un combat par lui-même déjà confus. Pendant plus de six mois après le 24 février 1525, tout ce qui sait tenir une plume, un pinceau ou une navette à tisser raconte la bataille de Pavie. La nouvelle parvint jusqu’en Chine (par la Turquie).

L’engagement au cours duquel le roi de France a été capturé n’est pas une bataille tactique, dont il soit possible d’étudier le génie. C’est une bagarre « au petit bonheur la chance » tout à fait semblable à l’une quelconque des cent escarmouches livrées sous les murs de Pavie depuis Binasque. Ce n’est pas une bataille « pensée ». Du côté des Impériaux, on veut quelquefois nous faire croire qu’elle l’a été. Heureusement, les témoins ne sont que de grands capitaines, tout juste capables de dire ce qu’ils ont fait, et les clercs qui essaient après coup de faire entrer de la logique et du raisonnement dans ces carnets de tâcherons y perdent plus que leur latin. Il est très facile de déjouer leur ruse patriotique.

Il faut également se méfier des récits modernes. Pour des raisons de pittoresque, ils sont pleins de détails qui altèrent gravement la vérité. Il est nécessaire de s’en débarrasser. Mignet parle par exemple d’une « claire et froide matinée de février1 ». Or, la bataille, commencée par la démolition de la muraille du parc aux environs de minuit, s’engagea vers cinq heures du matin (à huit heures le roi était déjà prisonnier). Le calendrier des Bergers indique que la nuit du 24 février 1525 la lune était pleine. Frundsberg parle de « nuit noire » et nous sommes certains que la nuit était vraiment noire, puisque les Impériaux passèrent des chemises blanches par-dessus leurs cuirasses pour pouvoir se reconnaître. Si malgré la pleine lune la nuit était noire, c’est que le temps était couvert ou, plus exactement, c’est que sur ces grandes plaines basses autour du Tessin et du Pô régnaient ces brouillards opaques qui sont de règle dans ces régions en cette saison. Brouillards qui ne se lèvent pas dans les matinées et qui obscurcirent toute la bataille (ce qui explique la noyade des Suisses dans le Tessin). Comme toujours par temps de brouillard, il ne faisait pas froid, il ne gelait pas, et c’est à cause de cette absence de gel que l’artillerie française ne put pas jouer son rôle déterminant.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.